Une invitation à regarder, lundi 7 mars 2022, sur France 3, à
21h10, le film documentaire « Le siècle des couturières »,
de Jérôme Lambert et Philippe Picard (2021).
"La moitié de la
Classe Ouvrière, « Le siècle des couturières »"
Raconter l’histoire d’une moitié de la Classe Ouvrière est un bel exercice d’Histoire et un travail historique nécessaire. Les femmes, quelle que soit leur activité, sont les oubliées de cette science humaine. En une heure trente, nous découvrons, apprenons l’histoire des couturières, du XIXème siècle au Crépuscule du Textile Français.
Germinal raconte une histoire des mineurs principalement, homme, femme, enfants, avant que les gouvernants fassent évoluer les règles du travail : les enfants disparaissent des usines avec l’école obligatoire mais pas des champs.
« Le siècle des couturières » nous mène de la révolte des Canuts à la chute du groupe textile Boussac en 1978. La condition ouvrière y est décrite par des archives photographiques et filmographiques. Synopsis du film (note 1) : « Détentrice d’un savoir-faire inégalé, la France a été façonnée par ces hommes et ces femmes, ouvriers du textile. De la naissance de la conscience ouvrière au personnage de la « midinette », nom donné à l’origine aux travailleuses du textile dans le Sud, ce sont de véritables dynasties ouvrières qui traversent notre Histoire ».
La présence d’anciennes de « Saint-Jo », pendant la projection réalisée au Festival international du Film d’Histoire de Pessac en novembre 2021, a rajouté à l’émotion. Dans les années 1960-70, il y avait à Bordeaux de grandes entreprises spécialisées dans la maille avec les Tricots Saint-Joseph, puis les imperméables avec Aquitaine du prêt-à-porter, qui se redéveloppe sous la marque Claude Havrey. Pendant ce débat, ces anciennes de Saint-Joseph, de 75 ans et plus de nos jours, nous ont raconté leur travail, l’occupation de leur usine et de leur outil de travail pour que les machines ne produisent pas ailleurs : elles se battaient contre la mondialisation. Dans nombre de villes de ce qui est devenue la Nouvelle-Aquitaine, le textile–habillement et le travail du cuir (chaussure, accessoires de mode) après en avoir fait la richesse et celle du travail ouvrier vont disparaître pour réapparaitre dans le secteur du luxe, de Saint-Jean-d’Angély au Périgord (Nontron), en passant par Angoulême et ses alentours, et aujourd’hui au nord de l’agglomération bordelaise (Saint-André-de-Cubzac, Saint-Vincent-de-Paul…).
A l’époque, ces industries habillent tout le monde. Les moins argentés achetant peu (en complétant avec leur production ou en recyclant), les plus aisés même chaque année, renouvelant souvent une partie de leur garde-robe. Depuis le début de notre siècle, les usines travaillent pour le luxe dans l’Habillement, les Cuirs et les Textiles.
L’actualité du travail des ouvrières est dans les métiers de l’aide aux personnes et de l’entretien des locaux fixes ou mobiles, comme décrit dans « Debout les femmes ! » et « Ouistreham ».
Roubaix n’est plus que l’ombre d’elle-même, si ce n’est ces expériences de rénovation urbaines dans le logement social où les habitants rénovent une maison (de Coron, achetée pour un euro symbolique). Jusqu’à la grande crise liée à la Mondialisation, avec l’exportation du travail salarié dans des pays à niveau de salaire plus bas, et la montée du prix du pétrole, la plus importante Agence de la société Générale de France était roubaisienne (les retraités ont une mémoire).
Cinématographie :
- « Le siècle des couturières » de Jérôme Lambert et Philippe Picard, 2021, 1h30 – documentaire; cf. https://cinema-histoire-pessac.com/festival/films/le-siecle-des-couturieres
Pour élargir aux employées précaires :
- « Ouistreham », au cinéma le 12 janvier 2022, Emmanuel Carrère, Juliette Binoche et les dames de « Quai de Ouistreham ». Emmanuel Carrère a adapté le livre de Florence Aubenas, Quai de Ouistreham, avec des actrices non professionnelles.
Pour élargir aux employées précaires et ces « travailleurs de l’ombre », travailleuses essentiellement, qui jouèrent un « rôle de première ligne », une rencontre avec d’autres ouvrières :
- « Debout les femmes ! » Un road movie parlementaire de Gilles Perret et François Ruffin, 2020, Jour2fête et Fakir
Présenté à ce 31e Festival international du Film d'histoire sur le XIXème siècle, « L’Histoire oubliée des femmes au foyer » de Michèle Dominici, décrit comment ce phénomène - qui « a émergé avec la Révolution industrielle » (note 2) - s’est développé pour laisser de la place aux prisonniers qui revenaient des Stalags. C’est un éclairage féministe sur la place des femmes :
- « L’Histoire oubliée des femmes au foyer » de Michèle Dominici (2021, 52 minutes, documentaire), l’autrice (co-scénariste) de « Le Clitoris, ce cher inconnu » (2003, 60 mn, documentaire) ; cf. https://j-mag.ch/pessac-2021-l’histoire-oubliée-des-femmes-au-foyer-de-michele-dominici-revelee-par-leurs-journaux-intimes
Notes
(note 1) - voir
par exemple sur le site du Festival international du film d’histoire
https://cinema-histoire-pessac.com/festival/films/le-siecle-des-couturieres ;
un synopsis un peu plus étoffé est disponible sur le site de
France télévision (page Les projets documentaires - Histoire et
Culture) :
https://www.francetelevisions.fr/groupe/espace-pro/les-projets-documentaires-histoire-et-culture-5151
(note 2) - dans 20
minutes, interview publiée le 16 novembre 2021 : "Festival
du film d’Histoire de Pessac : La réalisatrice Michèle Dominici
voulait « rendre leur intelligence et leur voix » aux femmes aux
foyers" (sic)
https://www.20minutes.fr/societe/3172499-20211116-festival-film-histoire-pessac-femmes-foyer-joue-role-prise-conscience-feministe