dimanche 26 août 2007

Robespierre d'actualité ?



           A l'occasion du transfert progressif sur notre nouveau blog des articles (2007-2014) des Joyeux Jacobins, il est possible de proposer, en complément, des pistes de lectures à la lumière d'approches historiographiques renouvelées. 
           Ainsi, en préalable à la rencontre-débat des 4 
et 5 octobre 2014 à Aubervilliers, sur 
"la Révolution, Robespierre et l’Allemagne", L'Humanité du 3 octobre 2014 a permis des "Entretiens croisés" avec Michel Biard (Professeur d’histoire du monde moderne et de la Révolution française à l’université de Rouen, président de la Société des études robespierristes), 
Sophie Wahnich (Agrégée, docteure en histoire, directrice de recherche au CNRS) et 
Jean-Numa Ducange (maître de conférences 
à l’université 
de Rouen) sur la problématique : Robespierre est-il toujours notre contemporain ?. En ce qui nous concerne, nous avons invité M. Jean-Numa Ducange à Saintes, le 22 septembre 2012, pour une conférence sur "Jacobinisme et communisme - Les communistes sont-ils les héritiers des Jacobins ?".

              Tout particulièrement captivante est aussi la recension faite par Michel BIARD du récent l'ouvrage de Marc Belissa et Yannick Bosc "Robespierre. La fabrication d'un mythe‪", recension faite in Annales historiques de la Révolution française 2/ 2014 (n° 376), p. 206-209. La conclusion de l'ouvrage est à découvrir sur le site http://revolution-francaise.net/2013/11/23/552-robespierre-la-fabrication-d-un-mythe.

             Remettons en mémoire l'ouvrage de Mme Cécile Obligi, que, répondant si amicalement à notre invitation en septembre 2013, l'auteure avait eu la grande amabilité et disponibilité de venir présenter à Saintes. Comme l'écrit Claude Mazauric dans L'Humanité, l'ouvrage propose "une brève et juste biographie de Maximilien Robespierre qui trouvera son public parmi celles et ceux qui n’aiment pas qu’on leur dicte ce qu’ils devraient nécessairement penser".


Vous trouverez ci-dessous, l'article du 25 août 2007 des Joyeux Jacobins intitulé : "Robespierre d'actualité ?", transféré de notre précédent blog ce 25 décembre 2014.
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Selon Joseph Marie Lequinio (1755-1814), représentant du Morbihan, ce rapport de Robespierre, qui traite de la question du culte de l'Etre suprême, et recherche l'unité des catégories sociales soutenant le mouvement révolutionnaire, est "un des plus beaux qui aient jamais été faits à la tribune de la Convention". Cf. Œuvres de Maximilien Robespierre, Société des études robespierristes, tome X, Discours (5e partie), 2011 [1952], pp. 442-443 et p. 465.

Nous nous intéressons ici à la première partie du texte, qui évoque spécialement les changements - passés, actuels, à venir - du monde, les transformations dans le domaine politique, les rapports des hommes au progrès ou à leurs passions, la vertu républicaine, la confiance en l'avenir. Bien au-delà du contexte historique, transparaît en filigrane de l'argumentation une esquisse d'idéal politique à construire : considérer la vertu pour et dans le monde présent, éclairer, rendre meilleur, chercher le bonheur de tous, défendre l'humanité ...

Citoyens,
C'est dans la prospérité que les peuples, ainsi que les particuliers, doivent, pour ainsi dire, se recueillir pour écouter, dans le silence des passions, la voix de la sagesse.
[...]
Le monde moral, beaucoup plus encore que le monde physique, semble plein de contraste et d'énigmes. La nature nous dit que l'homme est né pour la liberté, et l'expérience des siècles nous montre l'homme esclave. Ses droits sont écrits dans son cœur, et son humiliation dans l'histoire. Le genre humain respecte Caton, et se courbe sous le joug de César. La postérité honore la vertu de Brutus, mais elle ne la permet que dans l'histoire ancienne. Les siècles et la terre sont le partage du crime et de la tyrannie ; la liberté et la vertu sont à peine reposées un instant sur quelques points du globe. [...]
Ne dis pas cependant, ô Brutus, que la vertu est un fantôme ! Et vous, fondateurs de la République française, gardez-vous de désespérer de l'humanité, ou de douter un moment du succès de votre grande entreprise !

Le monde a changé, il doit changer encore.
[...]

Tout a changé dans l'ordre physique; tout doit changer dans l'ordre moral et politique. La moitié de la révolution du monde est déjà faite; l'autre moitié doit s'accomplir.
[...] Les peuples de l'Europe ont fait des progrès étonnants dans ce que l'on appelle les arts et les sciences, et ils semblent dans l'ignorance des premières notions de la morale publique. Ils connaissent tout, excepté leurs droits et leurs devoirs. [...] pour chercher à se rendre habile dans les arts, il ne faut que suivre ses passions, tandis que, pour défendre ses droits et respecter ceux d'autrui, il faut les vaincre. Il en est une autre raison : c'est que les rois qui font le destin de la terre ne craignent ni les grands géomètres, ni les grands poètes, et qu'ils redoutent les philosophes rigides, et les défenseurs de l'humanité.
[...]
L'art de gouverner a été jusqu'à nos jours l'art de tromper et de corrompre les hommes : il ne doit être que celui de les éclairer et les rendre meilleurs.
Il y a deux sortes d'égoïsme : l'un, vil, cruel, qui isole l'homme de ses semblables, qui cherche un bien-être exclusif acheté par la misère d'autrui : l'autre, généreux, bienfaisant, qui confond notre bonheur dans le bonheur de tous, qui attache notre gloire à celle de la patrie. Le premier fait les oppresseurs et les tyrans : le second , les défenseurs de l'humanité.
[...]


Extraits du Rapport du Comité de salut public du 18 floréal an II (7 mai 1794) ["Sur les rapports des idées religieuses et morales avec les principes républicains, et sur les fêtes nationales"]


nota bene : cet article est paru initialement sur notre précédent blog à l'adresse http://lesjoyeuxjacobins.over-blog.com/article-11982730.html le 25 août 2007 (transfert effectué le 25/12/2014 avec les compléments introductifs et des précisions de sources)